Qu’est-ce qu’un collectionneur ? Nous connaissons tous une personne qui collectionne des timbres, des cartes postales, des pièces de monnaie … Ce type de comportement est courant, même s’il ne se retrouve pas chez tout le monde. Est-ce un TOC, une névrose, un loisir ou davantage ? Chez l’enfant, collectionner est une façon d’appréhender le monde, d’apprendre à classer. Généralement, cette phase s’atténue une fois les mécanismes de classification intégrés. Chez l’adulte, collectionner relève d’une autre approche et participe de la construction de la personnalité.
Sommaire
Une définition de la collection
Collectionner c’est avant tout, comme le définit Krzysztof Pomian :
- réunir un ensemble d’objets ;
- les maintenir hors des circuits économiques, c’est à dire ne pas les acheter pour les revendre rapidement ;
- les conserver dans un endroit dédié et protégé ;
- leur faire perdre leur utilité ou leur valeur d’échange pour qu’ils deviennent « sémiophores », ou autrement dit ne pas les acheter pour leur utilité ou leur valeur financière mais pour le sens qu’on leur donne.
Si cette définition précise ce qu’est une collection, elle ne dit rien du collectionneur. Une collection peut être un ensemble d’objets réunis pour leur proximité formelle ou fonctionnelle (timbres, théières, voitures …). Elle trouve alors un sens par elle-même. Mais qu’en est-il d’une collection d’œuvres d’art dont les éléments sont des pièces uniques ou en nombre limité ? Un tel assemblage ne pourra prendre de sens qu’en connaissant les motivations de celui qui les rassemble : le collectionneur.
Un collectionneur accordera plus d’importance à la valeur symbolique des œuvres qu’il acquiert qu’à leur valeur financière. Une collection remplit également des fonctions sociales, un besoin de reconnaissance ou d’amour, la réalisation de soi. Les motivations des collectionneurs sont donc variables.

Hans III Jordaens, Kunst und Raritätenkabinett, huile sur toile, c. 1630, © Kunsthistorischen Museum, Vienne, Autriche
7 raisons de collectionner des œuvres d’art

Richard Hamilton, Just what is it that makes todays homes so different, so appealing ?, collage, 1956, © Kunsthalle Tübingen, Allemagne
Acheteur ou collectionneur d’art ?
On peut acheter des œuvres d’art sans pour autant se considérer comme collectionneur. Inversement, il n’est pas nécessaire de posséder des centaines d’œuvres pour pouvoir s’affirmer collectionneur. La question essentielle à se poser est avant tout celle de sa motivation personnelle.
Collectionner, c’est donner un sens à une accumulation d’objets, un acte qui parle de vous, mais aussi de la relation entre l’art et la société et de la place que vous occupez dans ce dialogue. Faut-il collectionner pour soi-même ou pour un public ? Et, dans ce cas, quel public ?
Un passionné collectionne d’abord pour lui-même, cet acte lui procurant une satisfaction. Mais il sera inévitablement tenté de parler de la passion qui l’anime. Il sera donc enclin à montrer sa collection. En assurant ainsi sa médiation, il se fera passeur de connaissances, messager de l’artiste. C’est aussi un moyen de nouer des relations sociales, d’exprimer sa personnalité, de s’enrichir intellectuellement ou financièrement. Autant d’éléments ayant pour effet d’apporter une satisfaction en fonction de ses motivations.
Quand le marché s’empare des collectionneurs d’art
De nombreux sites proposent aujourd’hui des guides expliquant comment collectionner. Ils ont la faiblesse de présenter une approche technique ou financière. Ils laissent totalement de côté les aspects psychologiques et affectifs liés à l’achat d’œuvres d’art. Cela a pour effet de complexifier le rapport à l’art en mettant l’accent sur les mécanismes de marché, les cotes d’artistes, les codes sociaux à suivre, etc. Je vous conseille la lecture d’Artension qui, dans son numéro 152 de novembre – décembre 2018, aborde la question de la construction de la valeur des œuvres.
En dehors de la constitution d’une collection d’investissement, je n’aurais donc qu’un seul conseil : être à l’écoute de ses émotions. Acheter une œuvre d’art relève de l’intime, de la relation qui se crée entre une œuvre et son acquéreur. Réunies, elles dessineront une sorte de portait chinois de leur propriétaire : ses centres d’intérêt, ses préoccupations, potentiellement ses aspirations, etc. Comme l’affirme Françoise Monnin, rédactrice en chef d’Artension, dans son edito du numéro 152 : « acheter une œuvre d’art n’est pas une affaire de luxe, mais une histoire d’amour et d’espoir. ».
Crédits photo d'en-tête : Nicolas Lieber, Mur, installation photographique, 2010, © Nicolas Lieber, crédit photographique Topographie de l’art, Paris, France
On en parle dans les commentaires ?
”Et vous, quelles sont vos motivations pour collectionner des œuvres d'art ?
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